Invitée à domicile…

 Je lis un article dans un quotidien, parlant  de V. qui sort un nouvel livre dont l’intrigue se passe à Genève…tiens, tiens me dis-je … J’appelle  le journaliste qui –très aimablement- me permet de contacter de l’auteur. Je lui envoie un mail, il prend la peine de me téléphoner quelques heures plus tard. Je lui parle de nos rencontres et l’invite. Il n’est pas hostile, mais avant de s’engager, il aimerait me rencontrer. Soit ! Je l’informe que je dois me rendre à Paris quelques jours plus tard, téléphonez-moi me dit-il… C’est  lui qui me rappelle : …vous êtes à Paris ? à quel endroit ? …je viens de déjeuner avec des amis à coté du bois de Boulogne …vous n’êtes pas loin de mon domicile, je vous attends dans une demi-heure…  Et me voilà au pied d’un immeuble classé dans l’une des plus belles avenues de Paris. Le personnage est sulfureux, son appartement est celui d’un homme cultivé, sa bibliothèque le prouve, mais côtoie des sculptures et gravures extrêmement provocantes, que   balaie rapidement mon regard qui  n’ose s’attarder… Musique très forte qui oblige à lever le ton,   vaste canapé, un chat siamois qui louche et me chatouille le bout du nez. Voilà pour le décor, je m’imagine au cœur de sa prochaine intrigue…je reste scotchée à l’accoudoir du canapé tandis que l’interrogatoire commence : qui êtes-vous ? qui vous envoie ? pour qui travaillez-vous ? … Ai-je bien répondu ? oui probablement car la conversation prend un autre tournant…oui, il viendra à Genève …merci, merci…Il sort son carnet d’adresses et m’invite à prendre des notes…je vais vous donner les coordonnées de plusieurs de mes amis de Genève…s’ensuit une dizaine de noms très   connus accompagnés de N° de téléphones…je n’en crois pas mes oreilles …un peu saturées de musique … Et je repars imaginant déjà le récit que je ferai de cette rencontre … L’été passe, le livre sort en librairie, je lui confirme  mon invitation et lui sa venue. Tout est parfait… …enfin presque …puisqu’il me téléphone quelques jours avant la date, me disant qu’il ne viendra pas dans l’hôtel ou j’organise la soirée…ayant ses habitudes dans un autre…Heureusement que le message a  été laissé sur ma messagerie, ça me laisse le temps de réfléchir…mais pas trop longtemps  car il rappelle …finalement avec toutes les interviews, je dois impérativement venir 2 jours, dites aux journalistes que je les recevrai à l’hôtel ….excusez-moi de vous interrompre Mr, mais je n’ai pas les moyens de vous inviter 2 jours avec tous les frais inhérents à vos rencontres et invitations. …négocions… …non, non vraiment je regrette …ah bon !comme vous voulez !… J’ai eu la courtoisie de lui envoyer le planning des rendez-vous avec les journalistes. Ma curiosité me pousse à me rendre à la librairie ou il doit se rendre l’après-midi. Il est  venu ! J’arrive pendant qu’il répond aux questions du journaliste. Son regard perçant se dirige aussitôt vers moi. Aucune hostilité ni d’un coté ni de l’autre, j’allais presque dire une estime réciproque. Avant de dédicacer ses livres, il vient vers moi, nous nous serrons la main… Morale de l’histoire : c’est curieux, je n’éprouve pas de réel ressentiment. Nous sommes restés chacun sur nos positions avec une sorte de respect mutuel…et puis il ne peut être aussi méchant qu’il veut le faire croire, qui d’autre que lui s’est donné la peine de me recevoir chez lui et m’ouvrir son carnet d’adresses ?…