L’orateur pressé et désabusé

 Encore un auteur rencontré presque par hasard dans une réception. Il a connu son heure de gloire à la télévision et je pense que les nostalgiques apprécieront. A ma grande surprise, il accepte instantanément mon invitation …aurais-je préféré un peu de résistance ? …il veut que nous fixions une date sur le champs. Je n’ai pas mon planning avec moi, je vous rappelle…. Au téléphone,  il me répond immédiatement que mes dates ne lui conviennent pas et m’en propose une, très proche. Je lui fais remarquer que ce temps est un peu court pour mon annonce et correspond à un départ en vacances. Il reste ferme, c’est ça ou rien…ce sera donc ça ! …et j’envoie mes invitations… Malgré ce départ en vacances, je reçois plus d’inscriptions que je ne l’aurais imaginé, tout est pour le mieux ! Je lui propose de l’attendre à la gare et de l’inviter à déjeuner mais il n’a pas le temps, il arrivera très tôt à Genève et il a des rendez-vous importants. Nous nous retrouvons au milieu de l’après-midi dans une librairie ou il doit faire une dédicace, répondre à une interview. Il semble pressé, notre conversation se limite à quelques paroles de politesse, a-t-il fait bon voyage ?… oui, oui, merci… Les journalistes l’ont sollicité, nous avons des rendez-vous avec la presse écrite et parlée, il s’adonne avec un plaisir évident à la séance photos. Je le fais accompagner pour une émission en direct, nous nous retrouverons le soir pour la séance de dédicace précédant notre dîner. Il est ponctuel, accueilli par des applaudissements, mais il me demande immédiatement à quelle heure nous passons à table car il n’a pas envie de s’éterniser… J’ai pourtant fait les présentations mais la conversation à la table ne prend pas…le service tarde un peu …je vous avais pourtant dit que je déteste ces repas qui s’éternisent….si le plat principal n’arrive pas, je vous préviens que je quitte la table… Alors nous lui avons laissé la parole dès que possible. Prestation brillante, assez longue- j’en suis étonnée – quoique un peu récitée peut-être….il avait bien prédit tout ce qui peut arriver maintenant, mais personne ne l’a écouté…son livre avait pourtant été publié à 1 million d’exemplaires…mais quand on n’est plus devant la caméra, on ne vaut plus rien…et ses livres depuis, aucun journaliste ne daigne en parler…. …mais si, mais si Monsieur, à Genève, beaucoup d’auteurs ne peuvent se vanter d’avoir rencontré autant de journalistes… Il quitte la table avant le dessert, les conversations reprennent, l’atmosphère se détend !